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Qu’est-ce que la deeptech ? Le guide pour tout comprendre à la nouvelle vague de l’innovation !

Qu’est-ce que la deeptech ? Le guide pour tout comprendre à la nouvelle vague de l’innovation !

Andréa Bensaid, Eskimoz CEO
Andréa Bensaid
21/06/24
Deeptech

Une nouvelle vague d’innovation est en train de déferler sur le monde : la technologie profonde, ou deeptech.

Une approche adoptée par des entreprises souvent jeunes, toujours audacieuses, qui développent des technologies de rupture, en lien étroit avec la recherche et la science.

Cette nouvelle vague a le pouvoir de transformer nos vies, de révolutionner des pans entiers de la société, de permettre des avancées sociales et environnementales inespérées.

Elle est la clé pour lutter contre les grands défis planétaires, comme le changement climatique, la maladie et le vieillissement, ou encore la nécessité de trouver une énergie durable et peu coûteuse.

Plus qu’un secteur ou qu’un écosystème, la deep tech est un état d’esprit : celui des pionniers qui ouvrent la voie.

Découvrez tout ce qu’il faut savoir à ce sujet.

C’est quoi la deeptech ? Une définition claire

La deeptech (ou deep tech) se réfère aux technologies avancées qui se distinguent par une innovation de rupture – la remise en cause des schémas établis et des habitudes existantes.

Cette innovation est dite « profonde » (deep) dans le sens où elle cherche à offrir des réponses extrêmement sophistiquées à des problématiques complexes, dans des domaines particulièrement pointus : biogénétique, robotique, informatique quantique, énergie propre, etc.

Elle le fait en concevant des technologies qui passent par de longues phases de recherche et développement, menées par des personnels hautement qualifiés et dotés d’une expertise significative.

Le terme est utilisé depuis plusieurs décennies pour décrire toute forme de technologie complexe ou avancée. Toutefois, c’est en 2014 que Swati Chaturvedi, co-fondatrice et CEO de Propel(x), un fonds d’investissement, lui a attribué le sens qu’on lui connaît aujourd’hui.

Mais la deeptech ne qualifie pas seulement la technologie en soi ; elle désigne également l’écosystème qui rend possible cette démarche disruptive.

Elle englobe à la fois le paysage entrepreneurial, les leviers financiers et les politiques publiques qui favorisent le développement de pôles technologiques de pointe, notamment en Europe, aux États-Unis et en Chine.

Dans ce contexte, les entreprises de la deeptech sont celles qui ambitionnent de révolutionner leur domaine d’activité, et qui s’appuient sur des ressources financières conséquentes issues des investisseurs privés comme des États.

Avec une double promesse : la conception de solutions à fort impact et des perspectives de croissance supérieures aux autres typologies de structures.

Compte tenu de cette définition, on pourrait croire que la deeptech est portée essentiellement par de jeunes pousses ambitieuses.

Bien qu’elles soient dominantes dans ce paysage, les startups ne sont pas pourtant pas les seuls acteurs de la technologie profonde : de grands groupes participent aussi à l’innovation disruptive, à l’image d’IBM ou de Google dans le domaine de l’informatique quantique, ou de l’implication de Microsoft ou de Meta dans l’IA générative.

La deeptech apparaît ainsi comme un effort conjoint, une volonté commune de faire avancer l’humanité dans le bon sens, avec des retombées susceptibles de profiter à tous et toutes.

Deeptech VS innovation

On a tendance à confondre innovation et deeptech, à employer ces deux termes comme des synonymes ou des variations autour de la même idée. Néanmoins, s’il est vrai que toutes les entreprises de la deeptech sont innovantes, l’inverse ne l’est pas. Il est donc utile de faire le point sur ces deux approches.

  • Une entreprise innovante s’attache à développer une technologie de pointe dont le but est de répondre à un problème existant ou à un nouveau besoin. Il s’agit, par exemple, d’améliorer un produit actuel (innovation incrémentale) ou de transformer son usage, voire de l’amener sur un autre marché (innovation adjacente). Mais sans qu’il y ait, derrière cela, une découverte ou une percée technologique.
  • Une entreprise de la deeptech se donne pour objectif de repousser les frontières de ce qui est technologiquement possible, de bousculer les habitudes et les idées reçues par le biais d’une nouvelle catégorie de produit ou de service susceptible de remplacer l’existant (innovation de rupture). La solution proposée est unique et vise à résoudre des problèmes complexes, à révolutionner l’industrie, à faire naître de nouveaux marchés, et à transformer durablement les modes de vie.

Pour aller plus loin, voici les quatre critères principaux auxquels doit répondre une technologie pour bénéficier du label Deeptech de Bpifrance :

  • Un lien avec le monde de la recherche et/ou de la science.
  • Un avantage différenciateur : amélioration des performances et/ou bénéfice important (qualité, coûts, délais).
  • Des barrières fortes à l’entrée : verrous technologiques et/ou problématiques de propriété intellectuelle.
  • Un go-to-market long, complexe et capitalistique (l’ordinateur quantique en est un bon exemple, compte tenu du fait que ses applications pratiques sont encore lointaines).

À cela, on peut ajouter une cinquième caractéristique, tout aussi fondamentale : une technologie deeptech doit avoir pour ambition de répondre à des défis à l’échelle planétaire. À travers les innovations deeptech, il s’agit de lutter contre la pauvreté, de favoriser la transition écologique et énergétique, de faciliter la mobilité, d’aider la population à vivre et vieillir en bonne santé, d’optimiser la médecine, etc.

Les différents domaines de la deeptech (avec des exemples de technologies)

La deeptech couvre un grand nombre de domaines, chacun d’eux regroupant des technologies ayant un potentiel disruptif. En voici quelques exemples parmi les plus représentatifs :

  • L’intelligence artificielle et ses dérivés, comme le machine learning. Ces technologies sont certes de plus en plus mainstream, étant désormais intégrées à des outils que nous utilisons au quotidien. Mais elles conservent un fort potentiel disruptif, notamment dans des domaines comme l’analyse prédictive, les véhicules autonomes ou la médecine assistée par l’IA.
  • La biotechnologie constitue un champ de recherche privilégié pour les entreprises deeptech, dans des domaines aussi variés que la médecine de précision, l’agriculture, la biologie de synthèse, le développement de nouveaux médicaments, ou la création de matériaux innovants à partir de matières animales ou végétales.
  • La nanotechnologie, en plein essor, a pour ambition de manipuler les matériaux à l’échelle du nanomètre (le millionième de millimètre). Le travail à cette échelle offre des perspectives étonnantes dans des secteurs comme l’énergie, l’informatique ou la cosmétique. Des applications concrètes existent déjà (les vaccins à ARN messager utilisés contre le Covid s’appuient sur les nanotechnologies), mais d’autres solutions potentiellement révolutionnaires promettent de voir le jour.
  • L’informatique quantique se réfère au développement d’ordinateurs, de systèmes et d’algorithmes qui s’appuient sur les propriétés quantiques pour gagner en vitesse d’exécution et traiter un plus grand nombre de données. À titre d’exemple, l’ordinateur quantique utilise des qubits pour stocker et traiter les données dans un état superposé, ce qui leur permet d’effectuer plusieurs calculs en simultané et de résoudre des problèmes complexes.
  • La robotique combine l’ingénierie et la science informatique (notamment l’IA) pour concevoir des machines et des applications capables de fonctionner en parfaite autonomie. Ce domaine inclut l’automatisation des processus, autant que le développement de robots employés dans l’industrie ou dans la santé pour prendre en charge des tâches complexes.
  • La production d’énergie en deeptech vise à développer des technologies avancées capables de remplacer les ressources énergétiques actuelles – notamment celles qui sont finies et polluantes – par des ressources durables, moins chères et potentiellement infinies. Ce champ de recherche ne se limite pas à la fusion nucléaire, qui occupe souvent le devant de la scène, mais concerne également les piles à combustible à hydrogène et les électrolyseurs, ou encore les technologies disruptives en matière de production d’énergie photovoltaïque, hydroélectrique ou éolienne.
  • La décentralisation digitale, notamment via la blockchain et ses nombreuses applications. Ce que l’on appelle communément le « Web 3.0 », axé sur la décentralisation, l’IA et la blockchain (cryptomonnaies, NFTs et autres), est un bon exemple de technologie deeptech en pleine démocratisation. Une approche qui révolutionne tout doucement la manière dont les transactions sont effectuées sur le réseau.

Les enjeux de la deeptech

La deeptech ouvre de nombreuses (et prometteuses) opportunités. Mais elle porte aussi de multiples enjeux sur différents plans – social, économique ou éthique. Dans la mesure où les technologies disruptives ont pour but de transformer les modes de vie et les habitudes de consommation, de communication ou de travail, ces enjeux ne doivent surtout pas être ignorés. Quels sont-ils ?

  • L’enjeu économique. Les projets deeptech se caractérisent par une longue phase de développement et par un go-to-market complexe, avec potentiellement des décennies qui s’écoulent entre les premières recherches et la commercialisation d’un produit viable. Cela requiert, de la part des entrepreneurs comme des investisseurs, une bonne dose de patience et de vision à long terme. D’autant que le risque d’échec après des années d’efforts existe bel et bien.
  • L’enjeu financier. Le développement de technologies deeptech nécessite des investissements massifs et continus, basés sur un potentiel de performance élevé, mais soumis à de nombreux risques. D’où l’importance des initiatives gouvernementales, à l’instar du Plan Deeptech de Bpifrance, doté d’une enveloppe de 3 milliards d’euros pour financer des startups françaises et assurer leur croissance.
  • L’enjeu de l’emploi. Beaucoup de technologies avancées ont le potentiel d’optimiser les processus existants… mais aussi de rendre obsolètes des dizaines de milliers d’emplois. À ce titre, plus d’un salarié sur trois dans le monde redoute que son métier soit supprimé par l’intelligence artificielle, comme l’a révélé une étude du Boston Consulting Group. Une répartition plus égalitaire du travail est donc au cœur des enjeux de la deeptech.
  • L’enjeu réglementaire. La technologie va généralement plus vite que la réglementation… et cela devient un problème lorsque les solutions développées ont un tel potentiel disruptif. Dans des domaines critiques et fortement régulés comme l’énergie, la santé et l’aérospatial, les entreprises de la deeptech travaillent de concert avec les autorités gouvernementales afin d’adapter la réglementation aux progrès techniques.
  • L’enjeu éthique. C’est sans doute la question la plus importante, et pourtant la plus souvent ignorée : celle de l’usage des technologies développées par la deeptech. Cet enjeu peut être subdivisé en une multitude de problématiques : l’inégalité de l’accès aux solutions (en fonction des pays ou des régions du monde), leur utilisation potentiellement frauduleuse ou belliqueuse (tombées entre de mauvaises mains, les biotechnologies peuvent devenir des armes terribles), ou encore la sécurité des données et la protection de la vie privée.

Quel avenir pour la deeptech ?

La deeptech est une affaire de potentiel. Les technologies développées au sein des laboratoires des entreprises de la deeptech ont l’ambition de transformer radicalement l’économie, la société, et la vie des citoyens dans les décennies à venir

Beaucoup de ces technologies sont déjà en cours d’adoption, à l’image de l’intelligence artificielle et de la robotique médicale.

D’autres sont loin d’avoir des applications concrètes à ce jour, mais leurs promesses tiennent de la science-fiction : c’est le cas de l’informatique quantique, de la fusion nucléaire ou de la captation du CO2 dans l’atmosphère.

L’incertitude est certes au cœur de la deeptech – économique aussi bien qu’éthique ou réglementaire – mais les bénéfices éventuels de ces technologies innovantes, pour l’ensemble de la société, sont tels qu’il est impossible de les ignorer.

Nul ne sait ce que sera l’avenir de la deeptech, mais une chose est sûre : c’est que notre futur sera modelé par elle.

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